Publié par : chemou | 6 juin 2018

La quête des runes

Dernièrement, je me suis remis à l’étude des runes. Ce n’est pas la première fois que ça me vient en tête, mais c’est sûrement la première fois que je prends ce travail avec autant de sérieux. Il y a trop de facteurs qui peuvent expliquer ce retour, alors que pendant ma première tentative elles m’avaient semblé complètement obscures et inaccessibles. Je pense que je n’avais pas assez creusé le problème pour commencer, car alors j’aurais aperçu les ponts se dressant entre ce système d’écriture et d’autres systèmes que je connais mieux. C’est notamment le cas du système hiéroglyphique égyptien car s’il ne fait aucun doute que l’égyptien, que ce soit par l’oral ou l’écrit, n’a absolument rien à voir avec les anciennes langues germano-scandinaves, l’utilisation que pouvaient avoir ces peuples de l’écriture (mais au final c’était peut-être le cas de tous les peuples je ne sais pas) me semble proche dans leur finalité. Et même après les simplifications successives de la graphie qui aboutirent au démotique puis à l’usage du grec, les hiéroglyphes « à l’ancienne » restèrent l’écriture magico-sacrée égyptienne.

Le truc c’est que je ne sais même pas pourquoi je les apprends, avec quel objectif. J’ai vu sur différents blogs que l’usage contemporain des runes chez les païens fait un peu débat parce qu’elle ne sera pas « historique ». D’une part certains les utilisent dans leur pratique magique, et d’autre part certains les utilisent comme outil de divination. Basiquement, je ne pratique pas la magie pour des raisons que j’ai beaucoup répété, et la divination … Je m’y suis essayé et, comme pour le shamanisme, je crois que je n’ai pas la fibre pour. Une partie de la réponse doit se trouver dans l’histoire des runes, ou plutôt des histoires.

Du point de vue mythologique, la découverte/création des runes par Odin est aussi intéressante qu’intriguante. Il se sacrifie à lui-même en suivant une procédure bien définie pour se retrouver aux portes de la mort, et là il « hurle » les runes. N’étant pas spécialiste de cette tradition à la base je vais peut-être dire des bêtises mais tout ce processus laisse à penser que les runes étaient initialement inconnues d’Odin, et que pour en prendre connaissance il dû se rendre à la lisière de l’Autre Monde (la nécromancie, et la magie en général, est une pratique qui lui est connue si je ne m’abuse). Le savoir runique est donc un savoir préexistant au dieu. Alors que dans la mythologie égyptienne, si l’on sait que les hiéroglyphes viennent de Thot, à ma connaissance il n’existe pas de mythe racontant leur création/enseignement aux Hommes. Tandis que le dieu égyptien représente le savoir lui-même, le germano-nordique est la quête qui y mène.

Du point de vue historique, j’ai toujours considéré que ce système d’écriture était purement nordique. Pas même germain. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que nenni. Et même que l’hypothèse la plus probable (selon ce que j’ai trouvé sur le net) fait de l’alphabet runique une récupération/adaptation de l’alphabet étrusque, la zone d’échange ayant été la région des Alpes. Ainsi, d’une certaine manière, le monde germano-nordique est relié au monde latin, bouclant la boucle de mes influences spirituelles. Pour info, selon wikipédia les historiens datent les premières inscriptions runiques découvertes du 1er siècle de notre ère, date coïncidant grosso merdo à la date de la mort du 1er empereur romain (Auguste).

De plus, contrairement aux hiéroglyphes qui sont clairement figuratifs même si parfois la symbolique est difficile à maîtriser, les runes ont ce côté mystérieux jusque dans leur graphie. Au premier abord du moins car ceux qui sont habitués à travailler avec elles ont tous leur petite analyse. En plus, si l’on se base sur l’ancien futhark qui semble le plus utilisé, il ne comporte que 24 runes. Concernant les hiéroglyphes, il y en a plusieurs centaines. Même si au premier regard leur compréhension peut sembler plus simple par leur côté figuratif, leur maîtrise demande au moins autant de temps que tout autre système ce qui, multiplié par le nombre des signes, fait que, sans être impossible, c’est très fastidieux.

En fait j’ai l’impression qu’Odin est indissociable des runes et que d’une certaine manière c’est autant lui qu’elles qui me pousse à cette étude. Pourtant ce n’est pas que le panthéon égyptien manque de divinités liées au savoir, mais Odin est unique en son genre. Ce n’est pas tant le dieu du savoir que celui de sa quête et de son utilisation pour accéder à ses fins.

Dans les contes égyptiens, nombreux sont ceux racontant l’histoire d’érudits/sorciers (l’un va toujours avec l’autre) à la recherche du mythique Livre de Thot conférant des pouvoirs dignes de ceux d’un dieu. Mais son obtention est toujours vu par son divin rédacteur comme un sacrilège et, au final, le mage qui l’a découvert fini toujours par s’en débarrasser car il devient plus une malédiction qu’autre chose.

Sans doute parce que les peuples germano-scandinaves se sont développés dans de toutes autres conditions, leur vision du Savoir était différente. D’ailleurs à ce niveau on peut dissocier les scandinaves des germains car leur environnement devait être encore plus rude. Le Savoir, magique ou pas, était une question de survie. D’ailleurs ça se retrouve avec toutes les pérégrinations d’Odin, sa récolte de la moitié des guerriers tombés, etc. En tant que chef des dieux, il est de sa responsabilité d’assurer leur survie face à leurs nombreux ennemis. Même si au final la mort est inéluctable. Car en plus de ne pas être immortels, les dieux du Nord ne sont pas invulnérables. Au final Odin est un peu le dieu du survivalisme !


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